Lettres d'Asie

Publié le par SarahMaia

Jean, mon fils
Pour comprendre ton attitude, les poings serrés et l'injure à la bouche, il faut se reporter aux diverses perturbations subies par ton corps.
À Chamarande au congrès des Ostéopathes j'ai assisté à plusieurs conférences qui m'ont amenée à poser des questions.
Le corps tout entier serait comme un ressort ovale et ouvert, quand il reçoit un choc d’un côté il compense de l’autre. Il suffit d’une tension d’une partie du corps pour que le comportement, l’attitude de la personne se transforme.
Le principe est assez simple, pour comprendre tu prends un morceau de fil de fer que tu courbes (sans te faire de mal) en forme d’oeuf qui serait ouvert.
Après tu constates que quand tu le touches, il vibre tout entier.
Tu as reçu divers chocs en particulier à la tête - avec un camion, dans un pare-brise, tu t’es cassé le nez en plongeant dans la piscine, tu as eu des dents arrachées, tu marches sur des pieds plats et tu compenses en marchant avec les épaules voûtées. Tout ça te handicape mais peut être amélioré, pour tes pieds, pas complètement, il aurait fallu s’en occuper dans ta petite enfance.
Tu retrouverais une plus grande joie de vivre si on arrangeait tout ça.
Le travail des ostéopathes est très léger, les pressions sont inférieures à 20 grammes (le poids d’une lettre) et les effets sont spectaculaires, surtout sur de jeunes enfants et restent étonnants sur des adultes. Je te redonne le téléphone de Thierry.
J’aimerais que tu ne te fermes pas sur toi-même mais pour le moment tu n’as pas le choix.
Quand viens tu faire du cheval et manger au restaurant ?

Une lettre est partie ce matin avec trois français qui descendaient vers Pokhara et Katmandu pour s’envoler pour la France où s’ils ne l’ont pas oubliée, ils posteront la lettre qui n’a pas de fin.
Encore quelque minutes à la terrasse de cette auberge au bord du chemin à déguster des grains de soja grillés avec du thé au lait et la nuit va descendre.
J’ai atteint ce village dont le nom Ghasha veut dire herbe après une grande longue marche à travers la forêt.
Certains arbres sont encore verts alors que d’autres ont déjà leur parure d’automne.
Il y a quelques jours c’était la fête de vaches... à l’entrée des villages des guirlandes de fleurs oranges, qui ont l’air faites de soucis, se balancent.
Les petites filles aux yeux espiècles, pieds nus, en robe de cotonnade sale, jouent à cache-cache Les hommes peinent durement ou se contentent de superviser le travail de leurs femmes en buvant du Roxi (alcool local) avec des airs supérieurs.
De temps en temps le thé est servi dans de petites tasses en porcelaine de chine et c’est un grand plaisir d’y poser les lèvres.
As-tu reçu ton petit chapeau noir ou est-ce Anne qui l’a pris ?
Une femme sur le toit bat sans s’arrêter le blé et une autre céréale avec un long bâton.
Un petit veau noir avec une corde autour du cou regarde entre les pierres disjointes s’il trouve quelque chose à manger.
Des femmes et des enfants s’épouillent avec des gestes tendres sur le pas de leur porte.
Un jeune homme qui fait le circuit touristique au pas de course consulte la carte avec l’aubergiste pour calculer combien de jours il lui faut pour atteindre Pokhara.
Des petits enfants de sept ans travaillent dans les restaurants, parfois ils apportent les plats, le plus souvent ils débarrassent la table et lavent la vaisselle accroupis dans la cuisine.
Un coq aux couleurs d’automne jette un cocorico sans conviction.
Un homme passe avec une hotte pleine de bois.
Du linge finit de sèche sur le muret de pierres.
Cette nuit quelqu’un est venu chercher de l’aide : une jeune fille était malade, elle avait une grosse fièvre localisée dans la tête, je l’ai massée pour disperser la fièvre dans tout le corps.
Quand je l’ai quittée, en refusant d’être payée, elle allait beaucoup mieux et ça m’a fait du bien de me sentir utile.
C’est vraiment ce que je veux développer maintenant... l’usage de mes mains pour apaiser, guérir, faire circuler, donner de l’énergie.
Un coq blanc tacheté de noir marche sur des œufs (c’est une expression pour dire comme sur des talons-aiguille!!)
Aurais-je de vos nouvelles à Katmandou?
Pour écrire il suffit de prendre une feuille de papier blanc ou d’une autre couleur et un stylo.
On commence par écrire n’importe quoi, ce qui se passe auteur de soi, ce qu’on ressent, ce qu’on a fait... et petit à petit le mots viennent tout seuls !
Ce soir je dormirai dans un grand lit (plus large que 65 cms, un mètre peut être) et demain je partirai de bonne heure pour avoir tout mon temps pour descendre vers le village / jardin aux sources chaudes qu’on atteint par un chemin éboulé de rochers pas faciles à franchir...
Je me souviens des cascades et des ponts, refaire le chemin dans l’autre sens c’est comme voir un nouveau paysage.
Pour ce soir mes petits et pour l’instant je vais voir ailleurs comment est la vie.
Je vous embrasse très doucement. À plus tard.

Le lendemain soir dans l’auberge fleurie que j’ai eu du mal à quitter.
Descendre de Ghasha par l’autre côté de la vallée était un enchantement.
J’ai commencé par monter le long de la gorge où grondait le torrent pendant plus d’une heure. Le chemin était par fois difficile mais la vue sur la vallée splendide.
J’étais dans les arbres, partout des fleurs sauvages... l’une rouge ressemblait à un pompon.
J’ai vu de minuscules graines rouges et transparentes comme des œufs qui séchaient sur des étoffes au soleil, j’ai questionné une femme qui m’a montré avec de gestes qui c’était pour manger ?.... Je déguste une galette du maïs (cornbread) avec du miel accompagné d’un chocolat chaud au lait de buffalo !!!!
Ce soir je partage la chambre d’un médecin français qui part demain, après je récupérerai “ma chambre”. Je suis arrivée tard aujourd’hui, tout était plein !
J’ai retrouvé mes crayons et ma bouteille d’encre pour remplir un stylo de bonne compagnie que j’avais laissé là avec des choses que n’étaient pas indispensables.
Ici l’ambiance est vraiment sympathique et familiale, l’homme participe aux travaux domestiques, aide sa femme à préparer le repas, le sert pendant qu’assise sur une natte auprès du feu, elle allaite le petit dernier que bercent dans la journée les petites serveuses quand elles n’ont pas de travail.
Entre Ghasar et Dana je suis passée au-dessous des cascades, des femmes moulaient le maïs entre deux meules de pierres qu’actionnait l’eau du torrent par l’intermédiaire d’un moulin à eau pour en faire de la farine.
Ici on prend l’énergie où elle est et on l’utilise sur place, au dessus du torrent là où le débit de l’eau est assez fort, on construit une cabane, on installe le moulin et la meule et on vient travailler.
Tatopani, ça veut dire eau (pani) chaude (tato).
Les randonneurs ont beaucoup marché, la salle se vide... demain au lever du Soleil, la plupart reprendront la route avec leur sac sur le dos...
Je vais rester là quelques jours.
J’aime cette vie de nomade dans les montagnes.
De tout mon coeur, j’espère que vous allez bien, que vous êtes heureux.
Je vous embrasse très tendrement.
Donnez moi de vos nouvelles !
Maman
SM

Bonjour mon fils aimé
Bonjour ma fille aimée...
J’ai trouvé une chambre, un bon lit avec un bon matelas (ces choses là sont rares !)
j’ai dormi profondément, fait des rêves délicieux... et ce matin je n’ai pas envie de partir, pas envie de bouger, alors je suis allée voir les aubergistes des deux autres lodges pour leur laisser
une affichette qui annonce : “pour vous relaxer... et avoir une bonne énergie qui circule... vous pouvez vous offrir un massage ! demandez SarahMaïa le long de la route... elle peut aussi vous donner une Consultation de Tarot !”
Et assise au soleil devant une table qui est une invitation à écrire, je me réjouis de le faire entourée de Népalais qui discutent, de prairies avec des petits moutons blancs (en haute montagne il y en a de superbes bleus !), de chèvres aux longs poils, de sapins immenses qui semblent avec la perspective, plus hauts que les montagnes.
L’eau coule dans les fontaines entourées de pierres de 3 côtés.
Les trekkers, touristes qui marchent dans les montagnes, passent avec leur sac sur le dos.
Les femmes vont d’une maison à l’autre avec leur bébé dans le dos.
Nous sommes dans une cuvette, entourés de montagnes et protégés du vent.
J’aime vraiment ce pays, surtout la vie simple des montagnes.
Des gens rencontrés plus haut viennent de s’arrêter pour un musli au lait de buffalo. Délicieux !
La jeune fille a appris les massages à Hawaï ; j’irai là-bas dans quelque temps.
L’astrologue américaine rencontrée à Sonada m’a dit que là bas j’aurai tout le succès et la richesse que je peux espérer car j’y ai vécu dans d’autres vies et accumulé un très bon karma. Ho comme j’aimerais que vous preniez la route... c’est une si belle et si bonne école de vie...
En voyant vivre autrement les êtres, nous apprenons la relativité et à ne rien juger.
Un cavalier passe sur un cheval blanc dont la crinière flotte.
Un saddhu-voyageur-pelerin-mendiant, vient de passer avec son bol, son chilom, dont il m’a offert une taffe, et son trident, en chantant Shiva...
Je rêve beaucoup de vous. Surtout en venant apporter des peintures, des vêtements... tout ce qui vient de France se vend...
Peut-être vais-je migrer vers les plages cet hiver, et revenir en Mars dans les montagnes quand les rhododendrons seront en fleurs.
Le Népal est un pays où pour nous occidentaux la vie est facile.
J’aime faire la route en gagnant chaque jour ce dont j’ai besoin pour vivre, et je peux la gagner pour nous 3 si vous venez !
RV à Pokhara New Solidary Lodge en Mars !
Avant si vous voulez ! où vous voulez dans cette partie du monde.
Dès que je sais où j’irai après je vous le dis. Écrivez moi.
Donnez moi de vos nouvelles à Kathmandu. L’un de vous peut ne prendre qu’un aller, car je ne pense pas que j’utiliserai mon retour (valable jusqu’en Juin) ; quoique en juillet commence jusqu’à la fin Septembre la saison des pluies.
Pour éviter la misère de l’Inde, prenez un billet pour Kathmandu et pour rejoindre Pokhara, prenez le bus à 7h du matin. Vous devez réserver la veille, de préférence les places à l’avant.
Si les amis peuvent organiser un ou 2 stages d’Astrologie, de Tarot ou de Yoga, je peux gagner
assez vite l’argent du billet pour revenir.
Je vous aime infiniment. Je souhaite très fort que vous viviez dans la joie.
Je vous embrasse très tendrement
Votre Maman
SM

Publié dans LETTRES

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