les feux follets

Publié le par réécrits par SarahMaia

Les feux follets

Dans une sombre région inhospitalière, où même le pommier sauvage ne fleurit jamais et où ne poussent que des herbes vénéneuses, sur une terre marécageuse, vivait un veuf.

Il ne prenait aucun soin de sa personne, ne se rasait jamais et grommelait contre le monde entier.  Il avait pourtant une fille si belle, si tendre que son visage rayonnant aurait du l’adoucir. C'était une jeune fille silencieuse. 

Comme elle n'avait pas connu l'amour maternel, et qu'elle avait grandi auprès d'un père rustre et rébarbatif, elle était très timide, triste et mélancolique. 

Un jour, alors qu'elle rapportait de l'eau du puits, elle rencontra un jeune homme au visage si noble qu'elle ne put en détacher les  yeux. 

Charmé le jeune homme la regardait aussi avec admiration. 

Intimidés et rougissants les jeunes gens se regardèrent longtemps en silence, étonnés de ce qui se passait dans leur coeur.

Ils se rencontraient tous les jours sur le sentier menant au puits. 

La jeune fille souriait timidement au jeune homme qui la regardait tendrement. 

Ils devenaient de jour en jour un peu plus amoureux l'un de l'autre et sentaient qu'ils ne pouvaient plus vivre séparés. 

Un jour, le jeune homme s'enhardit, prit doucement sa bien-aimée par la main et la mena jusqu'à son père, pour lui demander de consentir à leur mariage. Le père s'emporta violemment contre sa malheureuse fille, menaça le jeune homme de son bâton, disant qu'il allait le tuer s'il osait encore se montrer dans les parages.

Après cette scène, il enferma sa fille dans sa chambre. 

Insensible à ses pleurs, il la garda enfermée même quand, à force de pleurer, elle fut sur le point de tomber gravement malade. 

Mais une nuit le père oublia de fermer la chambre à clé. Vers minuit, la jeune fille sortit à pas de loup et marchant sans bruit se hâta vers le puits.

Son bien-aimé, aussi pâle qu'elle, l’attendait sur le sentier. Il la prit dans ses bras et la serra sur sa poitrine. Ils étaient tristes et désespérés, ils savaient qu'ils ne pouvaient vivre l'un sans l'autre et que c'était impossible, alors ils décidèrent-ils de mourir ensemble. Ils cueillirent des herbes vénéneuses et en absorbèrent le suc fatal.

Le matin quand le père vit que la chambre était vide, il sortit précipitamment et courut vers le puits. Quand il vit les amoureux tendrement enlacés, gisant inanimés sur le sol, le père horrifié chercha des yeux, autour de lui, un endroit où il pourrait les cacher. Il avait tellement peur de ces deux morts qu'il les jeta dans le marais. 

Dès que les corps des jeunes gens s’enfoncèrent dans l'eau bourbeuse du marécage, 2 pommiers se mirent à pousser. Leurs troncs se penchaient si fort l'un vers l'autre qu’ils finirent par n'en faire qu'un et dans le ciel, leurs branches mêlées formaient une couronne de feuilles.

En voyant fleurir ce double pommier, le père fut si effrayé qu'il courut chez lui se munir d'une hache. Il revint en hâte abattre les troncs, tailler les branches, réduire tout en copeaux qu'il brûla à la bordure du marais.

Quand le feu s'éteignit, on vit sortir de terre deux petites flammes qui montèrent et ne s'éteignirent plus jamais. 

Aujourd'hui encore, si vous passez la nuit par ces marais, vous verrez deux petites flammes qui courent sur les eaux stagnantes. 

Elles errent, comme si elles cherchaient quelque chose, sans jamais le trouver...

 

Publié dans CONTES TIBÉTAINS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article