Courrier de grece été 2010

Publié le par SarahMaia

Je n'ai pas oublié le carnet dont je peux détacher les feuilles pour te les envoyer.

Je me suis réveillée en rêvant de Jean avant que sonne le téléphone.

Attablée à la terrasse du seul café qui ne soit pas destiné aux touristes, j'attends un thé improbable et le bus pour aller au monastère en observant deux petits vieux qui semblent attendre, on ne saurait dire quoi, le regard au loin.
Après une traversée qui n'en finissait plus, je suis arrivée il y a deux jours, à 2 h du matin, par le bateau qui venait du Pirée, à Amorgos, l'île à la mode ou fut tourné le Grand Bleu, un film sur une compétition de plongée en apnée.
Je fus bien inspirée en montant dans le car, que j'ai eu la surprise de trouver à cette heure tardive. Il m'a déposée à l'autre bout de l'ile en passant par Chora, la capitale, un vrai bijou ce village aux ruelles fleuries, en escaliers que j'ai découvert avec joie le lendemain matin.

Le car s'étant arrêté devant un joli petit café dont le serveur beau, musclé et bronzé a passé des coups de fil pour me trouver une chambre simple mais confortable avec un arbre échevelé qui se balance parfois furieusement devant ma fenêtre.
Deux autres vieux messieurs, l'un en short de couleurs avec un T-shirt rose à rayures viennent d'arriver. L'un d'eux s'est joint aux deux premiers pour une conversation animée, l'autre en bout de banc, indifférent, regarde au loin en frappant de sa canne le muret près de lui.
J'ai passé 10 jours avec l'ancienne danseuse qui m'avait invitée via CS, d'abord a Athenes, puis dans sa maison, entre Poros et Epidaure. ensemble nous avons assisté à deux spectacles, Oedipe de Sophocle, très classique mais en grec.

Sur les immenses gradins, en trois quarts de cercle autour de la scène en bas, qui entrent progressivement dans la nuit, des milliers de spectateurs de toutes nationalités se pressent. L'environnement est superbe et impressionnant.

L'autre spectacle, "Thisée", une comédie d'Aristophane, était génial !

Les costumes, le décor, les lumières, la musique et les acteurs qui étaient tellement expressifs que ce n'était pas gênant de ne pas tout comprendre. Le public riait parfois d'un bon mot dont la subtilité m'échappait. Je riais des situations très comiques. Le thème : les femmes font la grève du sexe pour empêcher leurs maris et leurs amants de faire la guerre. Mais bientôt elles se déchaînent comme des chattes en chaleur et la meneuse a bien du mal à leur faire garder leur engagement.
L'appartement de Ersi à Athènes est très spacieux. Elle avait eu la gentillesse de venir me chercher à l'aéroport pour pallier à la grève générale qui sévissait en Grèce le jour de mon arrivée.
Elle espérait d'une française qu'elle lui fasse la cuisine et l'aide à améliorer son français.

Côté cuisine, elle a vite renoncé, mais j'ai assez bien assuré le maniement de la langue, très attentive à trouver les mots justes et à corriger sa syntaxe.
Nos sensibilités s'accordaient, mais nos idées, sur le plan social et politique diffèrent.

Nous avons beaucoup discuté, chose que j'évite parce que je n'aime pas les affrontements quelle recherchait avec plaisir. c'était enrichissant et fatigant.
La maison étant à quelques centaines de mètres de la mer, je pouvais aller nager seule le matin pendant quelle consultait Internet et lisait un tas de journaux. un peu plus loin se trouvait une grande plage de galets aux couleurs et aux formes fascinantes, où j'ai pris, après quelques jours, l'habitude de me rendre pour la journée. la température avoisinant les 40° il m'était impossible de me reposer à l'intérieur.

Au début de la nuit je dormais sur la terrasse et ne rejoignais mon lit que très tard.

J'ai aimé me retrouver seule à Amorgos, mais aujourd'hui la visite du monastère perché à flanc de montagne m'a épuisée et le vent était si fort que je n'ai pas eu le courage de reprendre le bus pour aller sur une autre plage que celle très fréquentée et en plein soleil à 30 minutes à pied du monastère. Je me suis posée à l'ombre des cannis et j'ai pris le bus pour remonter à Chora. j

J'ai déambulé dans les ruelles en prenant des photos, fait une pause au Yasmine café, que m'avait indiqué la jeune Grecque, Margarita, ex petite amie de Jean, qui s'occupait de la buvette au resto du lycée de Saint-Hippolyte. C'est un lieu zen très agréable qui diffuse de la très bonne musique et dont les serveurs et le patron sont toujours souriants.

Plus tard au détour d'une ruelle, j'ai rencontré Georges, un grec triste et solitaire parlant français avec nuances, il me parle de son enfance sur l'île qu'il parcourt pied par les sentiers, de son père maçon qui construisait des maisons en pierres sèches, de la pauvreté de cette terre qu'il a quittée pour faire fortune, de son retour au pays dans la maison où il est né, en m'offrant un verre d'une liqueur qu'il fabrique avec des plantes de l'ile.
Cette nuit-là j'ai bien dormi.
Le lendemain, j'ai pris le bus de 10:00 pour St-Paul où j'envisageais de me poser. C'est une bande de sable et de galets qui avance dans la mer. Tout y est laid, des constructions en cours et au milieu d'un chantier, quelques chambres et des studios sans charme.

J'ai pris le bateau pour aller sur l'île en face , qui appartient au monastère. J'y ai passé la journée à nager et à me reposer à l'ombre d'un parasol gentiment prêté par la guinguette.

Le soir, après avoir pris une douche, je suis allée saluer le monsieur triste. Nous avons parlé, moi en dégustant sa liqueur, lui en digérant un repas trop copieux. "je m'ennuie alors je mange" dit il. Je connais. Le lendemain je vais le rejoindre pour assister à la cérémonie qu'offre la famille, un an jour pour jour après la mort d'un être cher. ce jour là ils célébraient l'anniversaire de la mort du patriarche. Il n'y avait que des grecs, et de très beaux chants mais c'était assez long.

À la fin de la cérémonie on nous a distribué un verre de raky, la boisson que fabriquent les moines du monastère, un bol de blé et de sésame et un petit pain des morts que j'ai offert le lendemain à la cafetière grecque qui me sert le matin un verre de thé et un verre d'eau chaude que je mélange.
Il était prévu que Georges m'accompagne sur le sentier que j'ai pris seul pour aller à Kotapola où j'ai visité quelques chambres, mais toutes avaient des matelas à ressorts sur lesquels il m'est impossible de dormir. je me suis baignée sur une plage de galets plats au pied du cimetière.

il n'y avait pas d'ombre et le vent faisait friser la mer compromettant le plaisir de nager. J'ai regardé nager deux petits suisses, le plus petit devait avoir à peine deux ans, il nageait avec ses brassards, comme un petit poisson et les parents, au sec sur leurs serviettes, les regardaient s'éloigner en souriant. Comme je m'en étonnais, ils m'ont répondu qu'ils avaient une piscine et que les enfants étaient habitués à nager depuis leur naissance. Le soleil se couchait sur la mer lorsque j'ai pris le bus pour rentrer. je me suis douchée et endormie tout de suite pour la première fois depuis mon arrivée vers 21:00. J'ai vraiment bien dormi. réveillée à 7:00 après un thé chez ma dame grecque, je me suis mise sur la route pour faire du stop. J'ai parcouru le village de Tholaria, finalement ils se ressemblent tous et je suis descendue sur la plage de Levrosa, du sable une eau transparente, un coin à l'ombre des Tamaris... J'y reviendrai volontiers me poser quelques jours avant de reprendre le bateau pour rentrer. Mais j'étais crade, l'eau claire en apparence est polluée par les égouts et les bateaux. J'avais beaucoup marché et nagé, j'étais trop fatiguée pour dormir. Ce matin, 25 juillet, j'étais épuisée et je me suis recouchée après avoir été prendre mon thé chez Dania. Ayant renoncé à aller à la fête de Paraskevi, j'ai pris ma serviette pour aller à Moros Bay, dont tout le monde parle...
Il était 1:00 quand le car s'en est approché, le soleil tapait d'autant plus que le vent qui rafraîchissait la température depuis mon arrivée sur l'île était tombé. j'ai laissé passer l'arrêt, repéré une chapelle en pierres à Arkesini où j'essaierai de revenir pour la visiter.

Je me suis finalement retrouvée au terminus à Paraskevi. On nous a offert à manger de la chèvre cuite avec des patates, délicieux ! mais pour l'occasion ils en avaient sacrifié 200 et quatre vaches ! un peu barbare pour célébrer une sainte : Paraskevi, en français "vendredi". J'ai cru comprendre qu'elle faisait partie des premiers chrétiens à Rome ?
Ensuite j'ai parlé avec un responsable de la discipline dans un lycée. Quand je lui ai parlé de ma future fonction à Scholae à Saint-Hippolyte "gouvernante veille au bien-être de chacun" des étoiles ont brillé dans ses yeux... Il m'a dit en partant, qu'il allait demander à son directeur de lui confier cette fonction pour sa dernière année d'exercice. Je suis allée me baigner à Paradisia Beach, la plage n'est pas très belle, mais l'eau limpide est vraiment propre. A ce bout de l'île, il n'y a que la Taverne où on a servi gracieusement des repas à tous ceux qui passaient par là

(plus de 200 personnes à chaque repas pendant 3 jours) et une église où à partir de 19:00, ils célèbreront la fameuse Sainte Paraskevi, Vendredi, la veille du 26 juillet jour officiel et dernier des festivités qui seront célébrées ce soir à Ratapola avec du Raki, l'alcool local à base de plantes que fabriquent les moines et des danses traditionnelles sur le port.
Comment ne pas être reconnaissante envers la vie ? comme le conseille le bouddha.

À Nicolas Île, en face de Saint-Paul, on m'a gentiment prêté un parasol, ce qui m'a permis de rester toute la journée sur la plage en alternant temps de repos et longues baignades dans une eau délicieuse. Ce matin 26 juillet j'ai pensé à Anne dont c'est la fête aujourd'hui, pris le bus pour Katapola, où on m'a refusé la location d'une Vespa. Il faut une licence maintenant ! alors j'ai pris un joli bateau pour aller sur une plage de l'autre côté de la baie. transats et paillotes m'offraient l'ombre et le repos recherchés, mais avec la musique techno en prime et des cocktails pour faire la fête ! Vous êtes en vacances que diable profitez !.. Nous n'avons pas la même idée des vacances ! deux jeunes filles grecques, parlant très bien l'anglais, me conseillent de prendre le prochain bateau et d'aller m'allonger sous les paillotes mises à disposition sur la page principale près du port. Avant de repartir, pour me baigner je marche vers le bout de la plage loin de l'agitation qui règne autour du bar. Un vieux parasol m'attendait, abandonné près d'un poteau de bois au pied cimenté sur lequel je l'ai accroché. Et me voila à l'ombre sur une plage de sable qui n'est pas très propre mais dont l'eau est délicieuse et j'espère non polluée !

Le vent qui souffle vers la plage ramène des sacs de plastique et des déchets sur le rivage.
Je reste là jusqu'à 18:00 en lisant avec attention le livre de la none que j'ai à plusieurs reprises hésité à abandonner en chemin. Au chapitre sur la conversation, qu'il faudrait que je relise, je prends conscience de ma responsabilité dans des échanges avortés.
Le bateau qui pour trois euros m'avait conduit sur cette plage, embarque des grecs endimanchés Je me renseigne : ils vont sur l'autre rive célébrer dans une petite chapelle dont j'avais remarqué les marches qui descendaient jusqu'à la mer la sainte Vendredi... Le retour sur les barques surchargées est assez folklorique, un petit côté radeau de la méduse et j'égraine en silence quelques mantra assis au premier rang des....

Publié dans VOYAGE

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