une histoire d’oiseaux : La chatatatutu et le phénix 

Publié le par inconnu remanié par SarahMaia

- La chatatatutu est un minuscule oiseau gris. 

- Le phénix est un grand et majestueux oiseau, très coloré. 

  C’est le roi des oiseaux.

 

Une chatatatutu avait pondu trois œufs dans une touffe d’herbe. 

Une gerboise lui en avait déjà volé deux 

et la pauvre chatatatutu s’inquiétait pour le seul qui lui restait.

Elle s’envola vers le phénix pour aller demander justice et protection.

- Ô, Phénix ! Ô, Roi de tous les oiseaux ! 

Je viens vous supplier de veiller sur le seul œuf qui me reste.

Et elle lui expliqua ses ennuis avec la gerboise.

Le phénix écouta à peine cet insignifiant oiseau gris 

et répondit d’un air hautain :

- Comment oses-tu me déranger pour une telle broutille ?

N’est ce pas à la mère de protéger ses enfants ? 

Si tu n’es pas capable de surveiller tes œufs toi-même, 

qui pourra le faire à ta place ? Pas moi, en tout cas !

La chatatatutu était indignée.

Le phénix ne lui prêtait aucune attention et se moquait éperdument de son problème.  

Elle s’écria alors : Je suis venue à vous, parce que vous êtes le roi des oiseaux. 

Mais vous méprisez ma peine et mon chagrin. 

Je suis petite, c’est vrai, mais faites bien attention : 

il ne faut jamais négliger les plus petits que soi. 

Je vous le dis : un petit rien peut parfois être la cause de grands désastres…

Le phénix entendit à peine les paroles de la chatatatutu et la pria de s’en aller. 

Il avait autre chose à faire qu’à écouter les jérémiades d’un oiseau minuscule.

La chatatatutu rentra chez elle très en colère. 

A peine arrivée près des hautes herbes où se trouvait son nid, 

elle aperçut la gerboise qui s’en approchait. 

Son dernier œuf était en danger ! La chatatatutu se précipita.

- Eloigne-toi de mon nid ! pépia-t-elle.

Et comme la gerboise ne prenait pas la peine de se retourner, 

la chatatatutu vola jusqu’à elle et lui donna un coup de bec sur le dos.

- Aïe ! Ouïlle ! couina la voleuse, surprise, en s’enfuyant.

Et voilà ce qui arriva…

Dans sa fuite, la gerboise bouscula une fourmilière. 

Les fourmis excitées piquèrent les pattes d’un yack qui broutait paisiblement. 

Celui-ci, fou de douleur, partit au galop. 

Dans sa course, il dérangea un serpent qui se dressa en sifflant :

- Que celui qui m’a réveillé se montre que je le pique !

De rage, il tourna la tête de tous côtés et finit par repérer un dragon 

qui nageait paresseusement dans l’eau claire du lac. 

Le serpent zigzagua jusqu’au lac, se jeta à l’eau et mordit la queue du dragon.

- Aïlle ! Ouïlle ! Que m’arrive-t-il ? hurla le dragon.

Sa queue le brûlait tellement qu’il fit un bond gigantesque qui le propulsa par-delà les nuages. 

Et là, il heurta le nid du phénix qui contenait un œuf, unique, qui se brisa.

Quand le phénix, attiré par le bruit, découvrit le désastre, il hurla :

- Misérable ! Tu as détruit ce que j’avais de plus précieux ! 

Nous, les phénix, n’avons qu’un œuf par an ! Ceci est un grand malheur.

- Ce n’est pas ma faute ! expliqua le dragon. Je n’aurais jamais bondi jusqu’au ciel 

si ce maudit serpent ne m’avait pas mordu la queue.

Le phénix, furieux, piqua vers le sol. En deux coups d’aile, il fut devant le serpent.

- Tu as mordu le dragon qui a détruit mon œuf ! accusa le phénix.

- Je n’y suis pour rien ! protesta le serpent. 

Si je n’avais pas été réveillé par le yack, il ne serait rien passé.

Le phénix survola la montagne et repéra le yack et fonça sur lui.

- Maudit animal ! gronda t-il. 

Tu as réveillé le serpent qui a mordu le dragon qui a cassé mon œuf.

- Je suis un animal paisible, se défendit le yack. 

Les coupables, ce sont les fourmis qui m’ont piqué les pattes.

Le phénix se posa près des fourmis.

- A cause de vous, mon œuf est cassé ! s’écria-t-il. 

Vous avez piqué les pattes du yack qui a réveillé le serpent 

qui a mordu la queue du dragon qui a cassé mon œuf.

- Va plutôt demander à la gerboise pourquoi elle a bousculé notre fourmilière. 

C’est elle, la responsable !

Quand il trouva la gerboise, le phénix écumait de rage.

- Te voilà enfin, toi qui es la cause de mon malheur ! hurla-t-il. 

Tu vas payer pour cette faute !

- Pourquoi cette colère, Majesté ? murmura la gerboise, terrorisée. 

Je ne comprends rien à ce que vous dites.

- C’est bien toi qui as dérangé les fourmis qui ont piqué le yack 

qui a réveillé le serpent qui a mordu le dragon qui a cassé mon œuf ? ! 

insista le phénix en colère.

- Jamais je n’aurais fait pareille chose si la chatatatutu ne m’avait piqué le dos avec son bec !

- La chatatatutu ! tonna le phénix. Elle va me le payer !

Quand le phénix atterrit devant la chatatatutu, elle surveillait tranquillement son nid. 

Elle ne daigna pas jeter un regard au phénix

qui agitait ses ailes devant elle au comble de la fureur.

- Par ta faute, mon œuf est cassé ! gronda-t-il. 

Tu as donné un coup de bec à la gerboise qui a dérangé les fourmis 

qui ont piqué le yack qui a réveillé le serpent qui a mordu le dragon qui a cassé mon œuf !

La chatatatutu se tourna enfin vers lui et déclara :

- Ô, Roi des oiseaux ! Ne vous avais-je pas prévenu

qu’un petit rien peut causer de grands désastres ?

Et, pour la première fois, le phénix baissa la tête.

- Lorsque la gerboise casse mes œufs, ce n’est rien.... 

Mais lorsque le dragon détruit le vôtre, c’est un malheur ! Est-ce là votre justice ?

Le phénix n’en écouta pas davantage.

Il avait compris la leçon et s’envola jusqu’à son royaume. 

Il se promit désormais de prêter attention à tout ce qu’on lui dirait, 

même si cela venait du plus humble de ses sujets.

Publié dans CONTES

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